Un très bon texte sur le TDAH bien expliqué pour celle que ca intéresse!
Le déficit de l’attention; le point de vue de l’ergothérapie
Les difficultés d’attention sont préoccupantes pour l’enseignant et le parent. Souvent, on associe le manque d’attention à un manque de motivation ou à un comportement inadéquat (particulièrement en l’absence de diagnostic ou si les difficultés sont légères). Le réflexe de
l’adulte lorsqu’un enfant n’écoute pas c’est de le ramener avec discipline le ton souvent impatient; tu n’écoutes pas, fais attention. Réflexe tout à fait normal car nous n’avons pas conscience de tout le travail que le cerveau doit accomplir inconsciemment pour gérer toutes les informations qu’il reçoit.
Comprendre les processus qui sous-tendent les difficultés d’attention (diagnostiqué ou non) nous permet de mieux saisir comment l’enfant fonctionne et ainsi mieux y réagir. Dans le présent article, je me propose d’ouvrir avec vous une petite fenêtre sur le fonctionnement du cerveau. Cet organe fascinant qui module et dirige plus que l’on pense nos comportements sans que nous en soyons conscients.
L’information qui provient de notre environnement (la lumière, le son, le toucher, etc.) est d’abord reçue par le cerveau primitif que certains appelleront le cerveau reptilien. Cette partie du cerveau est celle qui s’occupe des fonctions de base (respirer, digérer, etc.). C’est également
le centre de la perception du danger.
Pourquoi le danger? Lorsqu’il y a un danger, le temps pour réagir doit être court. Or le temps que l’information prend pour se rendre au niveau des fonctions supérieures (cerveau cognitif, le siège du raisonnement et de la pensée) est trop long. Un exemple; lorsque vous mettez votre main sur un rond de cuisinière chaud. Vous n’avez pas le temps de penser à savoir si le rond est vraiment chaud. Votre réflexe sera de retirer votre main immédiatement et de réfléchir après (agir et réfléchir après ça me rappelle quelqu’un…). Ce processus inconscient ne se passe pas au niveau des fonctions supérieures (cerveau cognitif), mais bien à des niveaux beaucoup plus primaires, car le temps de réaction doit être très rapide pour éviter la brûlure. C’est la même chose pour l’ensemble des informations que reçoit notre cerveau, on analyse d’abord s’il y a dangerosité et si elle est pertinente, l’information est envoyée à notre cortex pour qu’on en soit conscient. Je dis pertinente, car il y a effectivement des informations que notre conscience n’a pas besoin de connaître.
Au moment où j’écris ces lignes, il y a le bruit du ventilateur de mon ordinateur qui parvient à mes oreilles. Je suis également assise avec les pieds appuyés sur un objet. Il aura fallu un effort conscient pour entendre et sentir ces deux informations. Que la nature est bien faite vous ne
trouvez pas? Imaginez s’il fallait que toutes ces informations pourtant bien réelles, mais anodines furent ramenées à notre conscience, nous serions rapidement submergés et nous ne saurions plus où donner de la tête. Qu'est-ce qui est le plus important le bruit que fait mon voisin de pupitre avec son crayon ou la voix du professeur?
Pour ceux qui l’auront deviné, c’est exactement le problème que vivent certains enfants qui présente un déficit de l’attention. Leur cerveau ne filtre pas adéquatement les informations et ramène tout à la conscience sans nécessairement indiquer l’ordre d’importance. C’est ce qui fait que l’enfant qui fait ses travaux à côté d’un autre ne peut s’empêcher de regarder le travail de son voisin ou toute autre chose d’ailleurs. Il est captivité par tout ce qui l’entoure et n’arrive pas à trier par ordre d’importance les informations qu’il reçoit de son environnement.
Il arrive également que ce cerveau reptilien ou primitif interprète mal les informations perçues de l’environnement. Il peut les percevoir comme étant dangereuses ou douloureuses alors que ce n’est pas le cas. Pour bien comprendre, nous pourrions faire l’image suivante; vous êtes dans
la forêt, seul, la nuit et vous êtes perdus. Comment se comporte votre corps? Vos yeux seront très grands, ils verront tout, vos oreilles entendront le moindre petit craquement. Vous serez en état d’hyper vigilance. Votre niveau d’éveil sera au maximum prêt à fuir ou à attaquer selon le
cas. C’est exactement ce qui se passe pour l’enfant hypersensible. Son cerveau primaire détecte des sources de danger, mais contrairement à la situation décrite plus haut dans la forêt, il en détecte là où il n’y en a pas!
Ainsi, l’égratignure mineure « blanche » devient une bonne raison d’appeler l’ambulance et le toucher des autres enfants, source d’agression que l’on combat parfois en frappant l’autre. Les oreilles sont alors «supersoniques» et les sons sont amplifiés et causent des douleurs comme si c’était le bruit d’un bâton de dynamite. Les étiquettes des vêtements dérangent et l’enfant a de la difficulté lorsqu’il y a beaucoup de bruit ou de mouvement, comme dans les moments transitions par exemple. Il est constamment en état d’alerte, prêt à réagir. Il ne peut donc pas se concentrer sur ce qui est important à l’instant présent ; c’est-à-dire la tâche, ou l’explication du
professeur. Ce qui est plus important pour lui, c’est de se prémunir du danger.
L’enfant hyposensible quant à lui réagit totalement différemment, porter attention est tout aussi difficile. Pour l’enfant hyposensible, les informations provenant de l’environnement sont captées difficilement. Nous pourrions dire qu’il « hypo réagit » à l’environnement, son cerveau primitif ne détecte pas bien les informations de son environnement. Une sensation comme
lorsque nous allons chez le dentiste et que l’on se sent engourdi par l’anesthésie. Il faut beaucoup de stimulations venant de l’environnement pour que l’enfant ressente la demande qui lui est faite par cet environnement.
Il réagira de deux façons selon le degré de sévérité de
l’hyposensibilité;
- Soit en entrant dans sa bulle parce qu’il ne se sent pas interpellé par son environnement. Typiquement, on dit que l’enfant présente un déficit de l’attention sans hyperactivité.
- Soit qu’il tentera d’aller chercher beaucoup de stimulations pour conserver un état d’éveil suffisant pour interagir avec son environnement, on le qualifiera à ce moment d’enfant hyperactif et sa concentration sera difficile, car il sera occupé à répondre à ses « besoins sensoriels ».
Qu’il soit hypersensible ou hyposensible, l’enfant n’arrivera pas à bien fonctionner et répondre adéquatement aux demandes de son environnement, car son cerveau primitif ne travaille pas adéquatement. Comme cette partie du cerveau s’occupe des fonctions de base et de survie en tant qu’être humain, il a préséance sur les autres. Eh oui, la fonction première de l’être humain est de respirer, manger et survivre, même si celle qu’il préfère et dont il a le plus conscience est
de réfléchir, de raisonner, de créer, d’écouter et d’être attentif!
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Sonya Côté ergothérapeute
Présidente du Groupe Ergo Ressources